En attendant de récupérer tout "Mellowlic", j'ai enrichi un peu ma culture "Hard SF" en me penchant sur le prédécesseur de Votoms, "
Taiyô no kiba DOUGRAM" (Dougram, les crocs du Soleil). Précisément, je me suis contenté du film-résumé "A Documentary" avec sous-titres anglais au lieu des 75 épisodes TV.
En ce qui concerne le film lui-même, comme le suggère son titre, il a la forme d'un documentaire, alternant narrations avec extraits en noir & blanc et scènes importantes, le tout issus de la série TV. J'ai bien senti une séquence refaite, mais il doit y avoir 99% du film remonté directement à partir des épisodes. De ce fait, les méchas ne sont pas du tout mis en valeur; tout au mieux comprend-on que Dougram est en fait une sorte de prototype surpuissant qui sera très vite reproduit en série, comme le RX-78 de Gundam. De ce fait, les batailles elles-même, bien qu'importantes pour l'avancée de l'histoire, sont peu développées; il n'en reste que 3 en tout et pour tout, réduites à quelques minutes. Les autres sont racontées brièvement, et on s'attarde surtout sur leurs conséquences.
Pour faire simple, ce sont les événements politiques et les personnages qui sont mis en avant dans ce film. Étrangement, sur 1h20 de film, je les ai senti bien plus développés que sur les 3 films de Gundam. A vrai dire, le contexte entre les 2 univers est fortement comparable. La Terre profite de ses colonies (ici des planètes et non des satellites) et l'une d'elle cherche à devenir indépendante. Il en résultera une guerre qui durera plus d'une année où un prototype de char humanoïde piloté par un jeune héros au sang chaud et animé d'un désir de vengeance jouera un rôle primordiale. Mais Ryousuke Takahashi explore le concept de manière bien plus complète et profonde que Tomino, sans doute aidé par 75 épisodes quand Gundam dut se stopper au bout de 47.
Dès le départ, ce qui apparaît comme un coup d'état militaire s'avère en réalité une manoeuvre politique de la Terre et d'un Général ambitieux pour faire de la planète-colonie Deloyer un soit-disant "8ème Etat" qui ne sera finalement pas plus indépendant qu'avant. Il s'en suit une vraie résistance rebelle qui part d'un seul continent de la planète pour s'étendre progressivement à tous les habitants, isolant de plus en plus le pouvoir officiel. Manipulations, trahisons et manoeuvres politiques plus ou moins visibles sont légions, comme "Legend of Galacti Heroes" par exemple.
Ainsi, le héros Crinn Cashim est tout d'abord animé d'un désir de revanche vis à vis des circonstances du faux coup d'état (
je vous laisse les découvrir pour ne pas trop spoiler). Mais, au fur et à mesure de l'avancé de l'Histoire et des événements, il va s'émanciper de sa propre fougue et explorer ses motivations. Cela l'aidera dans son évolution personnelle mais aura aussi un impact sur son rapport à la guerre et sa maturité. On retrouve l'un des message de Votoms en ce qui concerne le devenir d'un soldat dont la vie se résume à un combat incessant : peut-il vivre en dehors de la guerre ? Crinn trouve sa propre réponse mais il n'est pas certain pour autant qu'il n'en gardera pas des séquelles (à l'image d'un
Camille Bidan).
En outre, les morts de personnages principaux sont régulières sans pour autant que cela ralentisse ou accélère les événements : l'Histoire reste un fleuve vivant et ce ne sont pas des mouches écrasées qui détourneront son cours. C'est une confluence de faits, des coïncidences d'événements qui la motive. L'homme seul ou même en groupe n'y peut pas grand-chose directement. Ce message n'était pas explicite dans la 1ère série Gundam où la fin de la guerre d'1 an est surtout narrée à travers le duel Amuro/Char. Ici, bien que les "méchants" soient parfaitement identifiables par le spectateur, il n'y a pas de duel entre 2 hommes. La seule constante est qu'un traître reste un traître, stigmatisant la seule impasse dans l'évolution d'un individu alors que d'autres caractères gardent en eux l'espoir d'une évolution positive et d'un rôle majeur pour l'Humanité.
Bref, le film "DOUGRAM A documentary" est très intéressant à regarder pour sa richesse narrative, très bien exploitée sur 1h20.
Chronologiquement, l'histoire pourrait même s'inscrire dans celle de Votoms, quelques siècles auparavant. Le Dougram ne serait en fait qu'une version ancestrale des AT. Si Takahashi ou Sunrise décidait un jour de produire un animé qui lierait définitivement les 2 titres, ça ouvrirait des perspectives du même acabit que Star Wars ou Legend of Galactic Heroes.